© 2011 Sébastien de Goÿs 1 carré mouvements noir bleu

Une toile blanche

Assis devant le chevalet , je regarde le châssis immaculé, vide qui se trouve la.

Depuis plusieurs jours, l’envie de commencer une nouvelle toile me taraude. C’est souvent comme ça, une sorte d’appétence pour la peinture apparaît, une soif irrésistible de peindre s’impose. Elle arrive d’un bloc, après des jours de désert, d’oubli total du sujet même et tout à coup il faut peindre, ça devient une nécessité. Le « quoi » n’a plus parole, ne repousse plus l’acte à plus tard, plus loin. Je sais exactement ce que je veux représenter. Les formes, les couleurs, tout est en place dans ma tête. Il ne reste plus qu’à prendre les pinceaux, choisir celui qui posera la première couche, à presser les tubes de couleurs pour extraire la pate et lui donner vie.

Mais ma main ne bouge pas, mon regard reste fixé à la page blanche. C’est la tête qui travaille, les idées, les questions, les doutes qui tournent et retournent. La peur qui joue sa dernière gamme, la plus pernicieuse, celle qui sonne fort pour enrayer le processus. A quoi bon, je n’y arriverai pas, le résultat sera médiocre et si c’est pour rester au fond d’un atelier…

Dialogue interne, discussion interminable, l’ultime instant devant la création, la question du « j’ose ? ».

Pourtant c’est trop fort, le désir est trop ancré, et les alentours se sont déjà éteint, il ne reste que la table avec le matériel posé dessus, le chevalet qui maintient la toile et moi assis sur un tabouret. Et le départ est donné, l’immobile est rompu, il n’y a plus que l’action et un temps qui perd sa consistance. Un présent définitif.  Une toile à faire, une idée à peindre.

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